Homélies/Méditations

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Après la présentation du rapport de la Ciase, à retrouver  sur Internet,  je vous propose de lire dans le journal La Croix du 11 Octobre 2021  ces 2 tribunes : la première de  Yann Raison du Cleuziou et la seconde de  Geneviève Jürgensen:


https://www.la-croix.com/Debats/Abus-sexuels-strategies-dissimulation-autorites-ecclesiales-sont-gravement-compromises-2021-10-08-1201179588


https://www.la-croix.com/Debats/famille-lEglise-nous-avons-pleins-pouvoirs-2021-10-11-1201179932

Saint Colomban


Né en l'an 615 à st Gaal

Saint Colomban (615) que nous fêtons ce lundi 23 novembre est typiquement ce genre de saint qui met un rude coup à la niaiserie de nos hagiographies.
Souvent nous parlons des saints en les rabotant, en les lissant, en les vernissant.
Poupées pour piété au rabais, ces personnages sont tout sauf réels.
S’intéresser à la vie de Colomban est pourtant un profit merveilleux.
(Bruno Dumezil, Les racines chrétiennes de l’Europe, Fayard, 2005)


C’est un homme rude qui se fait chasser de partout où il va avec sa dizaine de disciples. Il ne part pas de son monastère irlandais pour aller en mission, il en est expulsé ! Et ça ne cessera plus. Il mène une vie de pèlerin ou de vagabond qu’il arrive à vivre comme une véritable ascèse. Et c’est parce qu’il vit cette vie rude et pauvre qu’il prêche. Dès qu’il s’installe quelque part, il fonde un monastère, mais bientôt s’en va. Et dès qu’il est installé, il ne prêche plus. Étrange !?
Comme si le dépouillement et la rudesse convenait mieux à l’annonce de l’Évangile…
Il traverse l’Europe, de notre Bretagne actuelle aux Vosges, la région de Besançon, la Suisse, pour finir aux pieds des Alpes côté italien.

Ses passages suscitent des vocations et des fondations de monastères, et nombres de querelles aussi avec les évêques, avec le Pape et finalement presque toujours avec les autorités locales. Après sa vie fort féconde, il ne restera qu’un de ses disciples ; Gaal qui sera canonisé, quoique beaucoup plus sage que son patron. Et on s’empressera de jeter les autres irlandais à la mer.
Mais qu’est-ce qu’il a ce moine un peu fou pour qu’on en fasse un saint ?

Deux choses.

Il vient avec une bande. En Irlande à cette époque on ne vit que par et qu’avec le clan. Mais c’est une bande d’érudits. Ils lisent et copient. Une fondation de monastère, c’est une école qui nait. Par école, il faut entendre Université. On est au VIIème siècle et ça donnera des idées à Charlemagne. La promotion de la culture donc. Motif de sainteté.
Et puis il inventa (ce n’est pas lui, mais il la fit connaître) la pénitence tarifée.
Quésako ? Il s’agit de redonner une chance aux chrétiens un peu trop turbulents ou rustiques. Seuls les péchés graves, très graves demandent une restauration lente par le ministère de l’église. Le coupable est mis au ban de la communauté, doit réparer et seulement reçoit, mais une seule fois dans sa vie, l’absolution.
Les Irlandais comprennent bien que c’est en fait un usage pauvre de la réconciliation. La pénitence tarifée consiste à dire que tous les crimes ne se valent pas. Que certains demandent réparation, d’autres appellent une reconstruction radicale de la personne, d’autres ne sont tout simplement pas des crimes, mais des déviances ou des faux pas. Tarifée, ça veut dire ça : il y a des degrés de gravité. C’est par là que va entrer progressivement l’idée dans l’église du sacrement de Pénitence et réconciliation.
Un des sacrements qui a le plus bougé dans notre histoire et qui continue à changer ces temps-ci.


Un saint est celui qui, tant bien que mal a donné dans sa vie quelque reflet de la Sainteté de Dieu. Peut-être que la rudesse de saint Colomban et ses excès ont permis que d’autres aspects soient bénéfiques. Mais peut-être sa rudesse l’était-elle aussi…


Prière facile pour jour de blues :


Ben oui, ces jours qui se ressemblent tous. On en oublie même quel jour de la semaine nous sommes.
Prier en observant la beauté des choses… pas facile en ces jours maussades où rien ne se passe. Rendre grâce pour les gens que je rencontre, certes, mais je ne vois plus personne !
Bref, c’est le blues, pas la déprime, non, mais le temps passe, j’ai plus de temps qu’à l’habitude mais je n’arrive pas à faire ce que je pourrais faire…
Alors prier …

2 trucs
1 – Un air dans la tête

Vous savez, on écoute la radio pendant le petit déjeuner et un air de musique est diffusé, vous l’avez en tête pour la journée. Ou mieux, le chant de sortie de la messe de dimanche dernier vous revient en boucle.
Profitez de ça.
Chantez-vous une hymne entendue récemment, un chant de messe. Faites-le à tout moment. En allant faire les courses, en préparant la cuisine, pendant la pause entre deux réunions « zoomeuses ».
Ah zut, vous avez oublié les paroles ! Pourtant ce matin, vous les saviez par cœur. Pas grave, vous en créez de nouvelles à votre sauce. Dieu sait (c’est le cas de le dire) que tout le monde n’est pas grand poète ! vous tournez ces brefs instants en brèves prières.


2 – Relire son carnet d’adresse
Encore moins cérébral, mais là encore quelque chose de l’ordre de la mémoire. Mais « faire mémoire » cette fois. N’allez pas trop vite. Les noms défilent. Priez pour chacun. Rappelez-vous. Rendez grâce à Dieu si c’est plutôt un sourire. Intercédez si c’est plutôt un froncement de sourcil. Dégagez-le à la poubelle si c’est décidément trop mondain, et demandez pardon pour ça (et d’être mondain, et de dégager poubelle…) Priez pour chacun, ça ne veut pas dire forcément formuler une demande, mais évoquer son souvenir c’est mettre son souvenir dans l’évocation de Dieu que vous êtes en train de faire. C’est le poser là, aussi bêtement que vous l’êtes ; devant Dieu, enfin quelque part autour de Lui, vers Lui. Et si ça vous tente, puisque les liens sociaux, les contacts amicaux sont en vacances en ces temps, appelez-le. Votre contact, pas Dieu ! enfin tant que vous y êtes, Dieu aussi.

Vous allez me dire : bof, ce n’est pas vraiment prier, ça !
Certes. Qui pourra nous dire ce qu’est vraiment prier ??
Disons provisoirement que ça consiste juste à se laisser occuper par Dieu.

A bientôt dans la prière



Lectio divina


Ce jour, je vous propose un simple exercice de lectio divina.

C’est peut-être la plus traditionnelle et plus ancienne manière de prier qui soit dans le trésor de notre Eglise.

Mais un mot d’abord sur les mots.

Je viens de dire exercice.

Quelle fatigue ! toujours faire des devoirs, des exos !

Prenez-le plutôt comme on fait des exercices de yoga ou même d’étirement. Ou encore comme on apprend à faire la cuisine, il faut s’y exercer.

C’est donc une méthode qu’on acquiert. Entrer dans un texte n’est pas chose innée.

Et chaque sportif vous dira que c’est avec l’entrainement qu’on atteint le plaisir et l’aisance.

Par lectio divina, on entend ordinairement la lecture de la Parole de Dieu, la Bible, ancien et nouveau Testament donc. C’est donc à la rencontre de Celui qui Parole éternelle que nous allons. Ou plus exactement, Il nous attend. Il nous y attend, il habite sa parole, sa Présence vient sourdre des textes que nous allons lire. Quand nous scrutons l’Ecriture, c’est Lui qui nous sonde et descend en nous.


La lectio comporte mille façons de faire ; ça va de la copie calligraphiée du texte jusqu’à sa mémorisation marmonnée jour et nuit en passant par le goût de la poésie du texte. Posons notre regard sur le psaume de la messe de ce jour. Poser son regard, ici il s’agit plutôt de tendre l’oreille car ces quelques lignes n’ont rien de narratives, ce n’est pas une histoire qui est racontée, mais un poème :


  PSAUME (Ps 36 (37), 3-4, 18.23, 27.29)

Le salut des justes vient du Seigneur. 

Fais confiance au Seigneur, agis bien,
habite la terre et reste fidèle ;
mets ta joie dans le Seigneur :
il comblera les désirs de ton cœur.

Il connaît les jours de l’homme intègre
qui recevra un héritage impérissable.
Quand le Seigneur conduit les pas de l’homme,
ils sont fermes et sa marche lui plaît.

Évite le mal, fais ce qui est bien,
et tu auras une habitation pour toujours,
Les justes posséderont la terre
et toujours l’habiteront.


Plusieurs exercices donc :

1 ) Repérez les répétitions


Facile ! c’est « habiter ».

Laissez venir à vous tous ce que ce verbe fait venir au cœur et à l’esprit : repos, maisonnée, famille, chez-soi…

Puis nombre de réminiscences de l’Ecriture :

J’habiterai la maison du Seigneur tous les jours de ma vie.

Ce qui veut dire être (demeurer) dans la proximité de Celui qui s’est fait proche.

Maître où demeures-tu ? et ils demeurèrent avec lui, ce jour là.

Demeurer avec Dieu, c’est bien notre destinée. Comment laisser faire cette appel sinon en le laissant demeurer en nous ?

Laissez faire cette méditation.


2 ) un verset vous plait


Répétez-le. Encore. Encore. Chantez-le. Apprenez-le par cœur.

Tentez de vous le répéter plusieurs fois pendant la journée.

Vous verrez, il va produire du fruit.

Et quand le soir viendra, rendez-grâce à Dieu de vous avoir chuchoté de telles choses.


3 ) Ensuite vous pouvez aussi réfléchir aux juxtapositions poétiques


Fais confiance au Seigneur, agis bien.

Bien agir, c’est faire confiance au Seigneur, c’est croire contre toutes les accusations de naïveté, qu’on ne se fait pas gruger, mais que le monde est plus beau parce que j’agis bien.

Mais aussi : c’est parce que j’ai foi en Dieu, que je ne pense pas que les choses sont sans autre sens que de me « rapporter », que je peux agir avec gratuité et joie.

Évite le mal, fais ce qui est bien, et tu auras une habitation pour toujours ;

La même idée, mais cette fois-ci quelque chose de l’Éternel s’est instillé.

Tant il est vrai que ceux qui font le mal sont littéralement « hors d’eux-mêmes », puisque notre vocation nous établit à l’image et à la ressemblance de Dieu. Par nature l’homme n’est pas enclin au mal, c’est par erreur qu’il l’est, par dévoiement. Le bonheur est dans le bien que nous recevons et dans le bien que nous partageons. Notre âme et notre cœur le savent bien, depuis toujours. Depuis ceux qui nous ont aimé, et de ce fait, qui nous ont grandis et nous ont donné d’habiter notre vie.

Je rends grâce à Dieu pour ceux-là dont les noms sont inscrits en moi.


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